On se souvient que le programme d’exploration lunaire, mené par la NASA il y a une cinquantaine d’années a permis de déposer 12 hommes sur la Lune, puis de les ramener sains et saufs sur Terre, grâce à six missions réussies, de 1969 à 1972. Cette conquête spatiale avait été suivie avec enthousiasme, à l’époque, dans le monde entier. Puis ce programme s’était subitement arrêté, officiellement pour des raisons budgétaires.

En fait, on sait que c’est 20 missions Apollo qui avaient été programmées, dès le début de ce projet d’exploration lunaire, utilisant la très puissante fusée Saturne V à 3 étages. Les 10 premières missions ont été destinées à valider le fonctionnement de cette fusée, et c’est avec Apollo 11, en juillet 1969, que la NASA a réussi, pour la première fois, à faire en sorte que deux hommes puissent marcher sur la Lune. L’exploit avait été renouvelé dès novembre 1969 avec Apollo 12. Puis la mission Apollo 13 avait été victime d’un incident technique, obligeant les astronautes à revenir sur Terre sans avoir touché la Lune. Le programme s’était poursuivi avec Apollo 14 qui a aluni en février 1971, puis Apollo 15 en juillet 1971, Apollo 16 en avril 1972 et Apollo 17 en décembre 1972, toujours sans incident majeur. Le programme avait ensuite été brutalement et définitivement arrêté, sans qu’il n’y ait jamais eu d’explication officielle vraiment satisfaisante.

Il semble donc que ces six missions réussies, auxquelles s’ajoute un échec, aient laissé trois fusées Saturne V inutilisées, bien qu’elles aient été construites. Ceci constitue l’une des nombreuses questions posées par ce programme d’exploration lunaire.

La coopération spatiale USA – URSS :

En réalité, l’une de ces fusées a été utilisée en 1975 lors du vol connu sous le sigle ASTP (Apollo-Soyouz Test Project), pour ce qui fut la première mission spatiale conjointe entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis, très médiatisée à l’époque. Les Russes et les Américains ont procédé, le même jour (15 juillet 1975) aux lancements du vaisseau Soyouz depuis le site de Baïkonour et de la capsule Apollo 18 depuis Cap Kennedy (celle-ci à l’aide du lanceur Saturne V). Et le 17 juillet, les deux vaisseaux en orbite terrestre se sont assemblés, permettant une poignée de mains symbolique entre un astronaute russe et un autre américain. Les trois astronautes américains et les deux cosmonautes russes ont passé une quarantaine d’heures ensemble pour réaliser quelques expériences scientifiques conjointes et séparées. Puis ils se sont séparés avant de rejoindre la Terre. Il n’y a donc pas eu d’approche de la Lune.

Cette collaboration entre les États-Unis et l’Union soviétique peut surprendre quand on connait la rivalité ou plutôt l’affrontement qui a toujours existé entre ces deux camps. Pourtant, leur rapprochement s’est opéré progressivement pendant une douzaine d’années.

En septembre 1963, soit deux mois avant qu’il soit assassiné, le président John F. Kennedy avait lancé la proposition à Nikita S. Khrouchtchev, président du Conseil des ministres de l’URSS, devant l’Assemblée générale de l’ONU, que leurs deux pays s’associent pour aller sur la Lune au lieu de rivaliser, au prix de milliards de roubles et de dollars. Mais l’invitation avait été alors déclinée.

Les relations ont évolué en juillet 1969. Au début de ce mois, le voyage de l’astronaute Frank Borman à Moscou a concrétisé une forme de détente entre les deux pays. Et quelques jours plus tard, les Américains réussissaient leur pari en déposant deux astronautes sur la Lune (Neil Amstrong et Buzz Aldrin), avec la mission Apollo 11.

En octobre 1970, les cosmonautes Nikolaïev et Sevastianov ont effectué un long séjour aux États-Unis, guidés par Buzz Aldrin et ont visité un certain nombre d’installations spatiales. Puis en juin 1971, un autre astronaute américain, Thomas Stafford (qui sera le commandant de l’équipage de la capsule Apollo 18), s’est rendu aux obsèques des trois cosmonautes de Soyouz 11, décédés au retour de leur mission.

C’est le 24 mai 1972 qu’a été signée la ratification du projet de procéder à un rendez-vous orbital entre un vaisseau Apollo et un vaisseau Soyouz. Ce projet s’est donc concrétisé par une poignée de main symbolique dans l’espace, le 17 juillet 1975.

Cette collaboration des deux plus grandes puissances de l’époque a montré qu’en dépit des hostilités visibles dans leur activités politiques, cela ne les empêchait pas qu’elles puissent s’associer pour des activités strictement scientifiques et pacifiques, dans le contexte d’un dégel progressif des relations politiques. Mais c’est surtout dans les années 1990, après la dissolution de l’URSS, que Russes et Américains ont intensifié leurs relations dans le secteur aérospatial, avec la Station spatiale internationale (ISS).

Les questions restantes:

  • Au terme de cette succession d’évènements connus, il semble donc que deux fusées Saturne V ont été construites par la NASA, mais n’ont pas été utilisées !
  • Mais on peut observer aussi le décalage remarquable entre : d’une part ces missions spatiales très médiatisées, basées sur des lanceurs Saturne V à propulsion classique et qui se sont succédées pendant une durée limitée seulement (50 ans après, on voit bien que l’interruption est définitive), et d’autre part les vaisseaux spatiaux secrets développés dès les années 1930-1940 en Allemagne, basés, semble-t-il, sur une technologie autrement plus performante (antigravitation) qui, on peut le supposer, n’a pas été perdue … Voir à ce sujet les articles précédents de ce blog. Mais on touche là un domaine où le secret est encore omnipésent.